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Y a-t-il des lois en histoire ?

On peut distinguer deux grands courants :


- Les uns dans la lignée des philosophes allemands des Geisteswissenschaften considèrent que l’histoire porte sur les
évènements singuliers, qu’elle vise à comprendre les actions de sujets humains (généralement on les considère
comme des sujets rationnels) et qu’elle est non nomologique (elle ne produit pas des lois) mais seulement
interprétative.
- Inversement, ceux qui se placent dans la lignée de l’école sociologique française (Durkheim et Mauss), considèrent
que l’objet de l’histoire est constitué par les structures durables, les mentalités stables, l’histoire presque immobile
dont parle Braudel.

Si on cherche à placer Marx dans cette configuration, on est très ennuyé : il va puiser dans l’une et l’autre méthode, au
gré de ses besoins, mais sans jamais élucider les problèmes épistémologiques auxquels il est confronté. Il y a ainsi dans
l’oeuvre de Marx des contradictions importantes, même si les marxistes ont depuis longtemps pris le parti de cacher les
poussières sous le tapis quand ils font le nettoyage dans l’oeuvre de Marx.

Quoi qu’il en soit, nous sommes donc en histoire dans l’incapacité de construire une science positive qui ressemble de près
ou de loin aux sciences naturelles. Les « lois de l’histoire » dont parle Marx sont des lois si générales qu’elles permettent
seulement d’essayer de tracer des grands tableaux généraux mais ne permettent de rien prévoir ! Cela ne veut
évidemment pas dire que l’histoire ne nous apprenne rien ou qu’elle soit un genre de savoir irrationnel. Mais cela veut
simplement dire qu’elle reste en dehors du champ de ce qu’on appelle proprement « science ». On peut, certes, décider
d’appeler « science » tout savoir rationnel. Mais ce n’est pas très avantageux de se procurer ainsi des victoires purement
verbales. En histoire, on peut argumenter pour soutenir des hypothèses plus ou moins probables ; on peut établir des faits,
mais ni lois, ni théorèmes, ni principes généraux opératoires. Il me semble que c’est là un fait dont nous devons
honnêtement prendre acte, même si cela entraîne que nous devons sérieusement rabattre les prétentions d’en finir avec
spéculations hasardeuses pour faire place à une science véritable.

1. Le déterminisme en Histoire.
La pensée doit se garder ici de deux excès contraires: l’affirmation d’un déterminisme qui gouvernerait les faits historiques
aussi rigoureusement que les autres sortes de faits, et la négation non moins radicale du déterminisme historique en faveur
de la contingence et de la liberté.
L’Histoire ne se met pas en équations mais elle ne se réduit pas non plus à une série d’événements accidentels et
rationnellement inexplicables.
La principale difficulté est de savoir s’il existe des lois en Histoire comme en Physique ou en Chimie.
On a pu dire que le concept de loi historique était une contradiction dans les termes. Il semble difficile en effet de faire de
l’événement le cas particulier d’une loi générale ou la simple variable d’une fonction abstraite. Le dépouiller de ses
caractéristiques particulières, de tout ce qui fait qu’il est unique, original, non répétable, ce serait le détruire dans sa réalité
concrète et individuelle. M. Seignobos écrit très justement : « La raison, la clef d’un fait historique est toujours un autre
fait historique, faire abstraction de l’accidentel ce serait ici faire abstraction de ce qui est essentiel à l’explication. » C’est
dire que pour chaque fait particulier il faut une explication particulière. Ce qui semble détruire le déterminisme.
Concevoir les choses autrement, réduire l’originalité de l’événement pur au bénéfice de la loi ou de la relation causale
générale, ce serait exposer l’Histoire au risque de se confondre avec la Sociologie. Il existe un conflit entre les historiens
historisant attachés à l’aspect événementiel de l’Histoire, tel Seignobos, et les historiens sociologisant, tel Simiand, qui
acceptent et même préconisent l’absorption de l’Histoire dans la Sociologie car ce qui les intéresse n’est pas la description
de l’unique ou de l’accidentel, c’est la recherche des lois de l’évolution humaine devenue l’objet d’un savoir rationnel.
On pourrait proposer qu’il y a bien des lois en Histoire mais que ce ne sont pas des lois spécifiquement historiques. En
d’autres termes les lois que l’Histoire fait jouer dans une explication, elle les emprunte à d’autres sciences qu’elle-même,
pour mieux éclairer l’enchainement des faits. Ainsi l’historien peut invoquer:
- Les lois d’ordre sociologique, comme le processus général: à toute période d’anarchie, quelle qu’elle soit, succède
une dictature restaurant l’autorité de l’État.
- Les lois d’ordre psychologique, notamment la constance de la nature humaine à travers le temps, l’analogie de
l’homme présent avec l’homme passé, tous deux conduits par des mobiles semblables: intérêts, passions, idéal.
Lacombe en formulait ainsi le principe: " L’homme temporaire et local a pour substratum l’homme général dont
la permanence est établie par la psychologie normale. "
- Les lois d’ordre économique. On sait que les marxistes ont insisté sur de tels facteurs en voyant dans la réalité
économique, la lutte des forces de production en présence, le moteur principal de l’Histoire. Sans souscrire
obligatoirement à leur thèse, il est bien évident qu’on ne peut méconnaitre l’importance de la vie économique
dans la genèse des faits historiques.
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- Les lois d’ordre géographique. Les facteurs proprement physiques jouent un rôle non négligeable: ainsi dans la
vocation maritime d’un pays insulaire comme l’Angleterre.
- C’est en ce sens, semble-t-il, qu’on pourrait parler d’un déterminisme en Histoire.

2. Causalité et probabilité en Histoire.

Il ne faut pas oublier que les hommes sont les acteurs du drame historique ; bien plus, ils ne se contentent pas de jouer un
rôle prévu, ils sont les auteurs de leur propre drame. Aussi faut-il faire appel en Histoire à cette causalité que nous avons
appelée humaine, spirituelle ou subjective, qui ne ressemble en rien à la causalité naturelle et qui n’est autre que l’action
créatrice de la liberté ou de la volonté. C’est parce que les hommes sont des êtres libres que des événements apparaissent,
qui ne se fussent jamais produits par le seul jeu des forces naturelles ou des conditions économiques. L’Histoire doit
compter avec ce facteur de liberté qui est évidemment un facteur d’imprévisibilité et de contingence.
De plus il va sans dire que la finalité ou la cause finale est un principe indispensable à l’intelligence des faits historiques
puisque, à la différence des forces naturelles, les hommes agissent toujours en visant une fin, en tendant à un but, pour
réaliser un projet, avec des intentions dont ils prennent conscience.
Toutefois cette causalité et cette finalité psychologiques ont à compter avec d’autres facteurs: la part du hasard et la part
du déterminisme.
Si bien que pour expliquer les faits historiques il faudrait tenir compte de - trois sortes de facteurs :
- la présence de l’homme dont l’intervention imprime au cours des événements un mouvement décisif ;
- le hasard qui rend les événements aléatoires, étant convenu qu’il faut entendre par hasard non pas l’absence de
causalité mais la rencontre de séries causales indépendantes dont l’intersection était contingente et non-prévisible ;
- le déterminisme social, économique, naturel, qui conditionne les situations historiques.
La part du hasard, apparent ou réel, n’est pas négligeable : le fortuit, l’accidentel, l’imprévisible sont des éléments
irréductibles. Contentons-nous de rappeler le mot de Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, la face de la
Terre aurait changé. »
Le rôle de la probabilité en Histoire demande à être pris en considération. Vendryès l’a mis en lumière sur l’exemple de la
campagne d’Egypte et Bloch souligne : « L’historien qui s’interroge sur la probabilité d’un événement écoulé tente de se
transporter par un mouvement hardi de l’esprit avant cet événement même, pour en jauger les chances telles qu’elles se
présentaient à la veille de son accomplissement. »
Finalement il convient de dire que les événements sont non pas déterminés mais conditionnés par divers facteurs formant
une situation donnée.

3. L’ordre et le genre en Histoire.

En présence de la masse impressionnante du passé, la question se pose de savoir quel ordre l’historien doit adopter pour
l’organiser en un récit intelligible et clair.
Il va sans dire que l’ordre chronologique ne suffit pas, encore qu’il soit indispensable : l’Histoire ne saurait être un simple
catalogue ou répertoire de faits datés. Elle n’est pas simplement la table des matières du passé selon l’ordre chronologique.
L’ordre géographique, spatial et non plus temporel, permet d’isoler une nation, ou un continent pour en faire l’étude
séparée, mais il ne peut manquer d’être artificiel.
L’ordre logique est plus satisfaisant pour l’esprit. Mais il engage toute une philosophie de l’Histoire. Il implique que l’on
voie dans la marche de l’Histoire tout autre chose qu’une série d’événements accidentels dont la succession échapperait à
une explication rationnelle. Par là même il présuppose le choix d’un principe d’explication déduit d’une certaine
conception de l’homme et de son destin.

On peut cependant combiner ces trois types d’ordre. A cette préoccupation se trouve lié le choix d’un genre historique.
Expliquons-nous. On peut faire essentiellement de l’histoire politique, c’est-à-dire retenir dans la narration du passé les
événements sensationnels d’ordre politique ou militaire, s’attacher aux grandes figures, à l’étude des grands hommes.
Histoire de surface que ses contempteurs appellent l’histoire bataille.

On peut au contraire faire l’histoire de la civilisation et du mouvement de l’humanité en marche dans les temps et les
espaces, en étudiant surtout la culture, la technique, l’économie, les facteurs géographiques. Histoire profonde au dire de
ses partisans mais qui risque de se confondre avec la sociologie.
Au fond la véritable Histoire est l’histoire intégrale qui ne néglige aucune espèce de facteurs, aucune des conditions de
tout ordre qui constituent une situation historique, en prenant soin de montrer leur interaction dans le tissu complexe des
circonstances.
Le genre en Histoire c’est, encore l’allure artistique ou l’allure scientifique qu’elle peut avoir. Art ou science? Il faudrait
que l’Histoire fût les deux à la fois et qu’elle concilie la beauté de l’évocation avec la rigueur de l’explication et la richesse
de l’information.
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4. Caractéristiques des faits historiques

De l’événement pur, qui est un donné à l’état brut, on peut distinguer le fait historique qui est l’événement interprété,
reconstruit, inséré dans une série causale où l’on tente de lui donner une signification rationnelle.

Voici les principales caractéristiques des faits historiques :


- Les faits historiques sont connus indirectement par les documents que l’on possède sur le passé et les diverses
traces ou vestiges qu’il a laissés sur la terre des hommes. Ils sont révolus une fois pour toutes, emportés par le
courant d’un devenir irréversible. C’est dire qu’ils ne sauraient faire l’objet d’une expérimentation permettant la
répétition des phénomènes comme c’est le cas dans les sciences de la nature, quelles que soient par ailleurs les
constantes de l’évolution humaine.
- Les faits historiques ont une situation précise dans l’espace géographique et dans le temps, une localisation spatio-
temporelle qui leur constitue une sorte d’état civil, alors que les faits physiques par exemple sont étudiés
abstraction faite de ces particularités. Un fait historique se passe hic et nunc, ici et maintenant, ce qui lui donne
son caractère existentiel et singulièrement concret.
- Les faits humains sont dits historiques quand ils ont un certain degré d’importance sociale par leur retentissement,
leur répercussion sur le cours des choses. Si tout est événement pour le moi qui vit son histoire personnelle, il ne
s’ensuit pas nécessairement que l’événement ainsi entendu mérite la qualité de fait historique. Pour accéder à la
dignité de fait il faut que l’événement franchisse un seuil d’historicité que les historiens eux-mêmes parviennent à
fixer plus ou moins. Ainsi l’historicité revient de droit à un événement concernant un personnage dont la fonction
sociale est importante. Cependant bien des historiens ont tendance actuellement à s’attacher davantage à
l’histoire du peuple et de la masse qu’à celle des personnalités exceptionnelles : c’est nécessaire notamment pour
l’étude des conditions économiques, techniques et culturelles.

Les faits historiques sont des faits singuliers ou particuliers : Entendons par là qu’ils ont un caractère très marqué d’unicité.
« L’histoire, écrit Marc Bloch, est par essence science du changement. Elle sait et enseigne que deux événements ne se produisent
jamais tout à fait semblables parce que jamais les conditions ne coïncident exactement. Malgré les analogies, chaque bataille, chaque
révolution a sa physionomie propre originale, distinctive. En faire abstraction ce serait passer de l’Histoire à la Sociologie. Quelles que
soient les généralisations possibles, l’Histoire a pour devoir de retenir d’abord ce qui est unique et singulier, ce qui n’est arrivé qu’une fois
et ne se reproduira jamais tel quel. Elle pourrait prendre pour devise le mot du poète : aimez ce que jamais on ne verra deux fois. Henri
Poincaré a souligné d’une façon spirituelle ce caractère original de l’Histoire, si différente sur ce point de la Physique : “Carlyle nous
dit : Jean sans Terre a passé par ici, voilà ce qui est admirable, voilà une réalité pour laquelle je donnerai toutes les théories du
monde...” C’est là le langage de l’historien. Le physicien dira plutôt : Jean sans Terre a passé par ici, mais cela m’est bien égal
puisqu’il n’y passera plus. »

Les faits historiques sont-ils contingents et accidentels ? Une fois qu’ils se sont produits, il semble qu’ils ne pouvaient
manquer de se produire comme ils se sont passés. Mais c’est peut-être une illusion rétrospective. L’historien Pierre
Vendryès a montré, sur l’exemple de la campagne d’Égypte, quelle part il convenait de faire à la probabilité en Histoire si
l’on veut bien se replacer au moment où ce que nous appelons un fait n’est pas encore accompli et fixé, au moment où
c’est encore une chose à faire, non faite, dans le jaillissement du devenir, alors que toutes les possibilités sont encore
ouvertes et que le destin n’est pas accompli. C’est en ce sens qu’on peut parler d’une contingence des faits historiques car
ils peuvent être ou n’être pas dans leur aspect individuel, concret, incomparable. A cette contingence est lié un caractère
d’accidentalité. L’accident serait l’événement qui résulte de la rencontre de deux séries causales indépendantes ou bien
celui dont le déterminisme est si complexe dans la multiplicité de ses facteurs que nous n’en pouvons faire l’analyse.
Remarquons immédiatement que ce caractère accidentel et contingent des faits historiques n’exclut pas qu’ils puissent
être rattachés à des causes, ni même qu’ils comportent quelque chose d’essentiel et de nécessaire. C’est le problème de
l’explication en Histoire.

La question est souvent posée de savoir si l’Histoire est une science. Or il suffirait de considérer sa méthode pour avoir
aussitôt une réponse positive, non que cette méthode se confonde avec celle des autres sciences, mais parce qu’elle est
rationnelle et digne de confiance. En voici les principaux aspects et les principales difficultés.

• La méthode classique
Nous entendons par conception classique de la méthode historique celle qui s’est formée au XIXe siècle et qui se trouve
formulée en ces termes par Fustel de Coulanges : « L’histoire est une science ; elle n’imagine pas, elle voit seulement... elle
consiste comme toute science à constater les faits, à les analyser, à les rapprocher, à en marquer le lien... L’historien
cherche et atteint les faits par l’observation minutieuse des textes comme le chimiste trouve les siens dans des expériences
minutieusement contrôlées. » Ainsi conçue la méthode historique comporte deux temps, comme la méthode
expérimentale, l’établissement des faits ou analyse historique et l’explication des faits ou synthèse historique.
Son travail essentiel consiste dans l’étude critique des documents où sont inscrits les faits qu’il faut en extraire avant que
d’en tenter l’explication. Des historiens comme Langlois et Seignobos ont codifié les règles de ce travail, notamment en ce
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qui concerne l’analyse historique. On distingue avec eux deux sortes de critique : externe et interne. La critique externe a
pour but d’établir l’authenticité du document grâce à tout un jeu de critères permettant de détecter les faux, les textes
apocryphes, les copies altérées de textes originaux. C’est une critique d’érudition ou de restitution. La critique interne
consiste à s’interroger sur la valeur du document en fonction de la psychologie de son auteur.
Il s’agit alors de s’assurer que son information est exacte, son témoignage digne de foi, qu’il a été sincère ou au contraire
qu’il a déformé la vérité, volontairement ou non, pour diverses raisons, etc... C’est une critique d’interprétation du texte.
Ce patient labeur une fois effectué, on passera à la synthèse historique c’est-à- dire à l’explication des faits reconnus, par la
recherche des relations causales qui les relient ou des lois qui les sous-tendent.
Rien d’aussi rationnel en apparence que de telles règles inspirées, toutes choses égales, de celles qui régissent le travail
spécifiquement scientifique. Pourtant l’esprit qui les anime ne fait pas à la raison la part qui lui revient : c’est l’esprit
empiriste, dont nous avons déjà dénoncé l’insuffisance dans la conception de la méthode expérimentale.

• La nouvelle conception de la méthode historique.


C’est celle qui a été définie par des historiens et des philosophes contemporains tels que : Marc Bloch, Lucien Febvre,
Marrou, Raymond Aron, J. Hours. Elle comporte à la fois la critique de la précédente façon de voir et l’énoncé d’une
théorie de la méthode, d’inspiration rationaliste.
La notion de document est d’abord discutée. On estime qu’il faut entendre par là non seulement les textes mais toute
espèce de traces, de vestiges, de témoignages laissés par les hommes du passé. Ce qui implique un large recours aux
sciences auxiliaires de l’Histoire.
Mais la principale objection concerne la notion de fait historique. Les nouveaux auteurs sont d’accord pour penser qu’il
n’y a pas de réalité historique toute faite que l’on rencontrerait telle quelle dans la recherche. L’erreur a été de croire que
les faits existent par eux-mêmes en dehors de nous et qu’il suffit de les décrire. J. Hours montre pertinemment que ce
serait oublier l’activité et l’initiative de l’esprit qui construit les faits historiques à partir des événements purs et des
successions d’apparences qui lui sont seulement donnés. Comment d’ailleurs établir ou chercher des faits sans savoir ce
que l’on cherche, sans avoir aucune idée directrice? Déjà dans les sciences expérimentales l’idée commande l’observation
et est indispensable à l’établissement du fait, a fortiori dans les sciences humaines comme l’Histoire. Il faut donc en
histoire élaborer de véritables hypothèses que l’on s’attache à contrôler.
Il en résulte que le fait historique est le résultat d’un choix. C’est par le choix qu’un événement est promu à la dignité de
fait historique. « La différence entre la façon dont nous traitons les divers événements, vouant les uns à l’oubli, les autres à
l’attention des hommes, est toujours l’effet d’un choix » (J. Hours).
Mais aussitôt cela met en cause l’objectivité de l’historien puisqu’il faut un critère pour choisir dans la masse des
événements ceux auxquels on confère l’importance du fait. Comment le choix sera-t-il opéré?
La conception classique reprenait à son compte le mot fameux de Fénelon : le bon historien n’est d’aucun temps ni
d’aucun pays. Et certes l’impartialité est souhaitable dans une Histoire qui se veut scientifique. Toutefois à prendre cette
règle à la lettre on risque de stériliser l’Histoire, voire même de la rendre impossible. Halphen objectait que le bon
historien est de tous les temps et de tous les pays en ce sens qu’il s’efforce de comprendre de l’intérieur l’époque ou le
milieu qu’il étudie par un acte de sympathie intuitive, de se faire l’âme qu’il faut pour sentir ce qu’il reconstitue. Il lui faut
oublier son temps et son milieu, s’oublier lui-même et avoir le don de sympathie pour ce qui a été pensé et vécu par
d’autres hommes.
Marc Bloch fait observer qu’il y a deux façons d’être impartial, celle du savant et celle du juge. L’historien est pris entre les
deux. Il lui faut expliquer comme le ferait un savant, réserve faite pour la spécificité des faits humains, mais il ne peut
s’empêcher de juger, par exemple à propos des crimes nazis.
C’est justement en quoi l’historien ne peut faire abstraction de toute philosophie. Qu’il le veuille ou non, sa vision du
monde commande plus ou moins le choix et l’explication des faits. C’est pourquoi il y a, à côté de l’objectivité, une
subjectivité qui joue en Histoire. Il n’y a pas d’Histoire sans une certaine théorie de l’homme. M. RICŒUR a défini la
subjectivité propre à l’historien comme une attitude mettant en jeu plusieurs harmoniques : le jugement d’importance sur
les faits, le transfert dans un autre présent imaginé, la sympathie pour d’autres hommes, pour d’autres valeurs et la
capacité de rencontrer un autrui de jadis. Tout cela ne diminuant en rien, bien au contraire, la valeur de l’Histoire.

Les sciences auxiliaires de l’Histoire.


L’objectivité garde ses droits en Histoire et notamment par le recours nécessaire à diverses disciplines qui peuvent être des
sciences autonomes mais n’en seront pas moins considérées comme sciences auxiliaires de l’Histoire dans la mesure où
elles lui serviront d’instruments de recherche.
Dans une liste toujours ouverte, citons seulement : l’épigraphie, la paléographie, l’iconographie, l’archéologie, la
numismatique, la toponymie et bien d’autres. De l’Histoire proprement dite se distinguent la Protohistoire qui a pour
objet les civilisations antérieures à l’Égypte antique et la Préhistoire qui, dans son étude des hommes primitifs ou fossiles
devra faire appel à des sciences biologiques et physiques telles que l’Anthropologie et la Géologie.

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