SIDA et
développement
durable
Vérités, inconnues et idées fausses sur le SIDA
Laurent Minguet
Janvier 2009
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Q
uel rapport entre SIDA et développement durable? La sexualité fait
partie de la panoplie de nos besoins de base, de même que la
procréation. Est-il possible de les satisfaire sans compromettre la
satisfaction des besoins des générations futures si l’épidémie prolifère?
Il s’agit bien d’un débat qui doit être examiné sous la loupe du
développement durable à l’instar de l’énergie ou de la production de
nourriture, avec la rigueur scientifique d’usage et en laissant nos tabous
au vestiaire.
Ces stades sont assez bien corrélés avec une diminution du taux de
lymphocytes T (CD4), normalement compris entre 700 et 1.100 unités par
mm³ dans un système immunitaire sain.
Modes de transmissions
Le VIH est présent dans le sang mais aussi dans les sécrétions comme le
sperme.
Contrairement à ce qu’on croyait dans les années 80, le VIH n’est pas
présent dans la salive et ne se transmet pas en embrassant ou en buvant
au même verre qu’une personne infectée, à l’inverse de la mononucléose,
par exemple. De même le virus ne se transmet pas au contact de la peau,
comme la lèpre ou le choléra, ni par voie aérienne comme la grippe.
Une mère séropositive risque environ une fois sur cinq de transmettre son
infection en enfantant. Des techniques médicales préventives et
notamment un accouchement par césarienne permet de diminuer ce
risque à moins d’un pour cent.
Prévention et traitement
Il est aussi difficile de réaliser des tests sur des populations cobayes
saines sans compromettre les règles d’éthique.
Epidémiologie mondiale
Alors que la maladie n’était pas connue, début des années 80, les
transfusions au sang contaminé entraînaient très souvent une infection.
Aujourd’hui, ce danger est éliminé car les donneurs sont
systématiquement analysés.
Statistiques en Belgique
Il est vraisemblable qu’il en existe environ 500 de plus qui n’ont pas
encore été dépistés. En effet, environ 50 personnes par an découvrent
leur séropositivité lors du diagnostique du SIDA. Ils proviendraient de 500
personnes infectées qui l’ignorent, avec une incubation moyenne de 10
ans.
Dans les deux cas, il faut décompter les personnes identifiées mais
décédées ou émigrées.
Environ 25% des 12.000 séropositifs belges, soit près de 3000 personnes,
feraient partie de la communauté homosexuelle/bisexuelle -leur nombre
est en augmentation. En supposant que 3% de la population masculine
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Le risque zéro n’existe pas mais supposons qu’un homme sain ait une
relation vaginale non protégée avec une femme de la communauté neutre
qui a donc une occurrence sur 8000 d’être séropositive. Le risque d’être
contaminé est d’environ 1 sur 30 millions soit moins que le risque
d’attraper le cancer si une personne fume une seule cigarette à côté de
vous ou bien celui de mourir en parcourant 1 km à vélo.
C’est vrai mais le risque est notre quotidien. Pourquoi la voiture, le cheval,
le vélo, le ski, la consommation d’alcool ou de nourriture moins
diététiques? Nous pratiquons chaque jour une balance d’intérêt entre le
danger et le plaisir procuré par ces pratiques. Encore faut-il être bien
informé des statistiques pour réaliser le juste équilibre de cette balance
d’intérêt.
Une personne séropositive peut avoir une vie sexuelle normale à condition
de systématiser l’usage du préservatif.
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Laurent Minguet
Références:
corr. homo-bi
total H-F
HOMME
FEMME
total H
total F
00-
00-02 03-05 06 00-06 00-02 03-05 06 06 % absolus
488 634 272 1.394 105 112 48 265 1.659 35% 100% 4.159
Homo-bi 65% 315 70% 442 74% 202 959 1.177 0,0% 0 0,0% 0 0,0% 0 0 1.177 25% 71% 2.951
Hétéro 30% 144 26% 166 24% 64 374 156 87% 91 88% 98 94% 45 234 390 8,1% 24% 978
Drogue I.V. 4,1% 20 3,7% 23 1,8% 5 48 6,7% 7 8,0% 9 0,0% 0 16 64 1,3% 3,9% 161
Transfusion 1,2% 6 0,3% 2 0,0% 0 8 3,8% 4 3,6% 4 4,2% 2 10 18 0,4% 1,1% 45
Mère enfants 0,6% 3 0,2% 1 0,4% 1 5 2,9% 3 0,9% 1 2,1% 1 5 10 0,2% 0,6% 26
Belges+étrangers 1.091 1292 496 2.879 809 884 215 1.908 4.787 100% 12.000
Etrangers 603 658 224 1.485 704 772 167 1.643 3.128 65% 100% 7.841
Subsahara 48% 73,5% 5.763
En jaune figurent les statistiques données par l’Institut résidents confondus (belges + étrangers) pour trois
scientifique de santé publique (ISSP) pour les périodes entre 2000 et 2006.
résidents belges, hommes et femmes, ainsi que tous
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Le nombre d’hommes ayant contracté le virus par voie Comme l’ISSP nous livre le nombre total de Belges
hétérosexuelle (374) semble trop élevé par rapport à infectés entre 2000 et 2006 (1659) ainsi que le
celui des femmes (234). En effet, la transmission par nombre total de résidents belges et étrangers infectés
voie hétérosexuelle devrait plutôt faire apparaitre une sur la même période (4787). On en déduit qu’il y a
statistique 60%-40% à majorité féminine comme on 3128 résidents étrangers infectés dont 73,5%
observe dans les communautés où le taux d’origine subsaharienne.
d’homosexualité est négligeable. Si le nombre des
femmes est correct, on en déduit que celui des Si on estime à 12.000 le nombre total de résidents
hommes est de 156 au lieu de 374. La différence infectés et qu’on admet que la proportion des groupes
(218) serait alors le nombre d’hommes qui ont été reste constante, on en déduit leur effectif respectif :
infectés à la suite d’un rapport homosexuel mais qui 4159 pour les belges dont 2951 homosexuels, 978
n’ont pas osé l’avouer. Nous avons donc ajouté ce hétérosexuels, 161 drogués par intraveineuse, 45
nombre aux 959 qui ont reconnus avoir été contaminé transfusés et 26 transmissions par la mère lors de
par des rapports homosexuels. l’accouchement.
Il est intéressant de constater que le groupe des Il y aurait donc 7841 résidents étrangers infectés dont
transmissions par accouchement ou transfusion 5763 d’origine subsaharienne.
sanguine comporte un nombre similaire d’hommes et
de femmes (en vert), ce qui conforte les statistiques. Il est certain qu’il y a une marge d’erreur dans ces
statistiques extrapolées mais elles nous donnent un
Comme il y a 48 hommes infectés par prise de drogue ordre de grandeur réaliste des principaux groupes :
intraveineuse (75%) contre seulement 16 femmes subsaharien, homosexuel et neutre. L.M.
(25%), on peut en déduire qu’il y a trois fois plus de
drogués chez les hommes que chez les femmes.